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“AI for Humanity” : Thales, acteur clef européen de l’intelligence artificielle

Publié le 21/10/25

L'auteur

Head of collaborative R&T France & Europe Technical Directorate Thales SIX GTS France SAS.

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Head of collaborative R&T France & Europe Technical Directorate Thales SIX GTS France SAS.

Le groupe Thales compte 80 000 employés présents dans plus de 70 pays. 1 milliard d’euros est investi chaque année dans la R&D.

Thales est constitué de 5 “Global business unit” (GBU) : identité digitale et sécurité ; défense et sécurité ; aérospatiale ; spatial (satellites) et transports (billettique, signalétique, transports autonomes ou automatiques).

Le groupe travaille pour des gouvernements, des institutions, des villes et des entreprises. Au cœur de ses métiers, se trouve la data que l’on retrouve historiquement, l’entreprise ayant à l’origine investi le domaine des capteurs.

Thales accompagne la transformation digitale de nos sociétés en investissant 7 milliards par an dans 4 technologies clés : le big data, la cybersécurité, l’intelligence artificielle et la connectivité.

Thales et l’intelligence artificielle

Ces 30 dernières années, la puissance de calcul des ordinateurs et la maîtrise des algorithmes de calcul ont permis à l’IA de se confronter à l’humain. Travailler sur des composants hardware et des logiciels software va permettre de redéfinir ou d’avoir un équivalent du réseau de neurones humain pour aller vers de la prise de décision. Cela passe par de l’algorithmie, un traitement massif de données et de l’entrainement.

L’approche « TrUE AI »[1]

On ne peut pas se contenter d’une technologie avec un apprentissage automatique sans contrôle. La responsabilité d’une décision critique ne peut être confiée uniquement à une IA.

Comme l’a indiqué notre CEO Patrice Caine, Thales doit s’engager sur une IA que l’on saura expliquer, certifier et valider, parce que nous en avons besoin au cœur de la chaîne de traitement de l’information.

C’est la raison pour laquelle nous avons développé le concept d’une IA de confiance, explicable et éthique.

L’explicabilité signifie la capacité de l’IA à justifier son action ou les recommandations qu’elle prodigue. La responsabilité nous incombe de montrer que nos algorithmes fonctionnent par rapport à des standards et des principes, notamment éthiques, avec des process reconnus et des systèmes de validation clairement définis. L’IA de confiance correspond à la robustesse de nos algorithmes, leur capacité à résister à des perturbations extérieures, en particulier à faire face à de potentielles attaques cyber. Nous avons en outre une contrainte particulière car dans le domaine de la défense, les données sont rares, incomplètes et souvent très sensibles. 

 

En France, dans le cadre de la stratégie gouvernementale IA for Humanity, le groupe a signé le 3 juillet 2019 un manifeste avec sept autres grands groupes français[2] et le ministère de l’Economie un manifeste pour l’intelligence artificielle au service de l’industrie. Dans ce manifeste, les 8 groupes mondiaux partagent une même vision commune : faire de l’IA une source de croissance et d’emploi, développer une IA de confiance.

L’écosystème Thales R&T 

« Innover, ce n'est pas seulement être à l'état de l'art : c'est aussi ouvrir de nouvelles voies en explorant des innovations de rupture. Thales travaille en ce sens sur deux volets : le numérique et la deep tech. » Marko Erman, directeur scientifique de Thales.

Nous avons besoin de bâtir un écosystème autour de l’IA au plan international qui fédère des acteurs de la recherche et des jeunes talents. Pour cela, nous allons travailler avec des pôles, des clusters (tels que « Systematic ») avec des associations pour comprendre les standards, les organisations. Nous travaillons avec les organismes de recherche en Europe, en France… Nous allons travailler sur de l’innovation ouverte. Nous avons par exemple développé CortAIx[3] à Montréal autour d’IVADO[4] dont nous sommes membre fondateur ; nous avons créé le Thales Innovation Hub à Singapore centré notamment sur l’innovation « ouverte » et le prototypage avec des utilisateurs.

Le secteur de la défense représente 50% des parts de marché de Thales en France. Ses opérateurs ont besoin de maîtriser l’IA mais aussi d’avoir une IA souveraine. Il n’est donc pas possible de faire confiance à un algorithme mis au point par Google. Pour connaître exactement ce qui se passe, raison pour laquelle nous devons nous appuyer sur cet écosystème
 

[1] Tr comme Transparent ou Trustable AI en anglais (IA de confiance) ; U comme Understandable (explicable) ; E comme Ethique

[2] Air Liquide, Dassault Aviation, EDF, Renault, Safran, Total, Valeo, puis Schlumberger, ST, Orange, Naval Group, Michelin et Saint Gobain

[3] Centre Of Research and Technology in Artificial Intelligence eXpertise

[4] Institute for data valorisation

Thales dans l’écosystème R&D européen

La Commission européenne a identifié le besoin en Europe de ne pas rester dans le syndrome de la « boîte noire » avec des algorithmes dont on ne saurait expliquer et comprendre les impacts sur nos organisations. De la stratégie de la Commission, telle que présentée par sa Présidente Ursula von der Leyen lors de son discours sur l’état de l’Union européenne le 16 septembre 2020, on peut retenir des axes clefs : accroître son autonomie dans les technologies numériques et dans les futures technologies émergentes ; le développement humain et éthique des technologies numériques et industrielles ; la volonté d’assurer un leadership mondial dans les systèmes et infrastructures numériques circulaires et neutres pour le climat.

Il s’agit donc notamment de garder la mainmise de l’humain en adoptant un comportement éthique en matière de développement des algorithmes et de garder à l’esprit l’impact sur le changement climatique et la maîtrise de l’énergie de leur puissance de calcul.

L’Union européenne décline tous azimuts ces besoins en termes de recherche et d’innovation. Le programme cadre « Horizon Europe pour la recherche et l’innovation 2021-2027 », où sont investis 95,5 milliards d’euros, s’appuie sur 3 piliers dont le second vise à pousser des solutions d’IA dans les secteurs industriels et le troisième vise à développer l’innovation avec des plateformes de références mises à disposition pour tous les acteurs concernés. Thales s’implique notamment sur le Pilier II, en souhaitant être un acteur actif au niveau de l’écosystème européen.

Le « Digital European Program » (DEP) est un autre programme qui permet de booster l’innovation autour de la transformation digitale avec un budget de 21 milliards d’euros. Il offre des opportunités phénoménales autour de l’IA, la cybersécurité, le High Performance Computing (HPC). L’idée est de maintenir et développer des compétences de très haut niveau en Europe pour conserver une autonomie sur la digitalisation de nos sociétés et de nos organisations.

Thales est présent dans différents pays européens (France, Belgique, Espagne, Allemagne…), mais il lui faut aussi être présent dans des clusters et des organisations européennes qui vont soutenir concrètement des agendas de recherche pour aider à développer l’usage de la data et préparer la transformation numérique. 

Depuis 2014, Thales est membre actif de l’association BDVA (Big Data Value Association), qui rassemble plus de 230 membres dans toute l’Europe. Cette structure a pour but d’organiser un agenda stratégique avec l’objectif de définir une feuille de route des actions de recherche à mener sur le big data, sur l’IA, sur la préparation d’écosystème européens. Elle souhaite également d’être l’instrument d’un dialogue constructif avec la commission européenne, notamment la DG Connect, afin d’accompagner la transformation digitale. 

Nous sommes partenaires du projet « IA4EU ». Il s’agit d’une plateforme collaborative qui permet de fédérer les acteurs de l’IA en Europe. 21 pays sont impliqués avec 82 membres dont des académiques et des PME. L’idée est de recenser ce qui se fait de mieux en termes de recherche et d’usage de l’IA dans différents cas d’expérimentation pilotes et de créer une base de connaissances et d’échanges ouverte en Europe.

Beaucoup d’axes de travail sont explorés : l’humain, la robotique, l’industrie, la santé, les médias, l’agriculture, les objets connectés, la cybersécurité.

Le cadre stratégique de l’Europe en matière d’IA promeut une approche d’excellence et de confiance. Il ne faut pas perdre de vue de resituer la stratégie européenne dans le contexte mondial et notamment les avancées en matière d’IA aux États-Unis et en Chine.

En 2017, la stratégie des GAFAM a été d’acheter des acteurs capables de traiter massivement la data pour renforcer leur écosystème. Ils ont travaillé sur le free data. Ils sont désormais passés du free aux services premium, des services payants pour produire du retour sur investissement. 

La Chine a la volonté de développer une puissance locale dans le domaine de l’intelligence artificielle. Mais elle travaille sur la standardisation et souhaite à travers des organismes de normalisation et/ou de lobbying que ses solutions de traitement de données soient comprises par les régulateurs européens. 

Le Japon développe l’IA pour accompagner l’activité robotique, notamment pour répondre aux problématiques de la solitude et du vieillissement.

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