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L’intelligence artificielle dans le secteur des jeux vidéo

Publié le 21/10/25

L'auteur

Yves Jacquier est Directeur Exécutif d’Ubisoft La Forge, Montréal.

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Yves Jacquier est Directeur Exécutif d’Ubisoft La Forge, Montréal.

Apparu il y a plus de 70 ans, le jeu vidéo est un outil de développement des compétences. Les enfants apprennent énormément par le jeu, d’abord en alignant des formes et des couleurs mais aussi avec la pensée tactile, voire à se socialiser.

Le jeu vidéo a développé une forte proximité avec l’intelligence artificielle, apparue elle aussi il y a plus de 70 ans. L’IA vise à permettre à des machines de prendre des décisions de qualité humaine. L’histoire de l’un va de pair avec l’histoire de l’autre.

Les jeux vidéo constituent un formidable outil pour comparer la qualité de décision d’un algorithme et d’un humain, à l’instar du match entre le joueur d’échecs Gary Kasparov et Deep Blue organisé il y a plus de 25 ans.

L’IA dans les jeux vidéo

Le machine learning, qui s’est développé dans la dernière décennie, ouvre de nouvelles possibilités technologiques. Il permet de programmer des prédictions à partir de quantité de données plutôt que de règles explicites et explicables.

De manière générale, le plus grand défi d’adoption d’un système à base de machine learning consiste à passer d’un état d’esprit où l’on définit des règles pour obtenir des résultats à un modèle où l’on choisit des résultats dans le but de créer des règles. Cela signifie qu’il faut accepter une perte de contrôle au bénéfice d’une mise à l’échelle qui est inégalée. 

Dans l’industrie des jeux vidéo, tous nos métiers sont concernés. Nous sommes face à un défi technique, mais nous sommes aussi confrontés  à un défi de changement plus large : faire face à l’obsolescence de certaines compétences, adopter un cadre légal et éthique pour exploiter les données.

D’un point de vue industriel, que fait-on du gain de productivité ?

Du point de vue de nos produits, comment qualifier le contenu généré à base d’IA ?

L’innovation chez Ubisoft-La Forge

Le plus important est de définir une dynamique, une manière d’être, et un écosystème qui permettent à l’innovation de mûrir dans son environnement et de participer à le transformer.

Une culture d’innovation ne se décrète pas, elle se construit et fait place à l’imagination avant l’expertise. Elle valorise le généraliste avant le spécialiste. Créée il y a 7 ans, La Forge est un lieu ouvert. Les salariés d’Ubisoft et des chercheurs travaillent ensemble sur des prototypes qui vont servir l’intérêt de chacun. Nous accueillons plus de 100 étudiants et chercheurs issus d’une vingtaine d’universités dans le monde.  L’idée est d’aider Ubisoft à créer de meilleurs jeux, tout en créant de la connaissance publique. Plus de 60 prototypes ont été créés dont la moitié est utilisée dans la fabrication des jeux

Une mission réunit les équipes d’Ubisoft autour de 4 piliers : accélérer l’innovation, attirer les talents, retenir les talents et contribuer à notre écosystème.

Des thèmes de R&D ont également été définis : l’assistance à la création, des mondes plus crédibles, l’expérience du joueur.

L’usage de l’IA dans la programmation

Dans notre fonctionnement, nous avons très tôt retenu le principe que les technologies doivent assister les personnes et non pas leur nuire ou les remplacer.

Les jeux sont des programmes informatiques de plus en plus compliqués. Il y a 5 ans, Ubisoft a mis au point un prototype à base d’IA capable de prédire si un programmeur est en train d’introduire un bug dans un jeu. Aujourd’hui, ce prototype est devenu Clever Commit , déployé sur des dizaines de productions dans le monde. Il prédit qu’un changement de code contient un bug avec une fiabilité de 85%. 

Cet exemple permet de revenir sur deux enjeux :

  • L’évolution des métiers et des méthodes de travail

Comment faire évoluer nos métiers traditionnels pour les amener à utiliser de manière utile et humaine les nouvelles possibilités offertes par l’IA ? En quoi ces outils sont vus comme une assistance à certaines compétences, pour un illustrateur par exemple ?

Comment passer de méthodes de travail qui utilisent une information binaire (présence d’un bug ou non) à des méthodes statistiques (tant de pourcentages de chances qu’il y ait un bug) ?

  • L’utilisation des données personnelles

 L’IA peut augmenter sa fiabilité en ajoutant des données propres au programmeur ou à la programmeuse. En l’occurrence, Ubisoft a renoncé à utiliser les données liées aux programmeurs. De manière générale, le métier des RH est impacté pour comprendre les nouveaux défis posés par l’utilisation des données générées par le travail des salariés.

Chez Ubisoft, on préfère parler de « développement responsable » plutôt que d’éthique. Nous essayons d’aller vers cette forme éditoriale, en s’assurant que nous avons inclus les bonnes personnes pour nous poser les bonnes questions.

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