• Systèmes d'intelligence artificielle (SIA)

  • Développement économique

  • Québec

Pourquoi les leaders de l’intelligence artificielle mettent le cap sur le Grand Montréal

Publié le 21/10/25

L'auteur

Gwenaëlle Thiebault est Directrice, Développement des affaires, Europe francophone, Montréal International.

L'auteur

Gwenaëlle Thiebault est Directrice, Développement des affaires, Europe francophone, Montréal International.

Le Grand Montréal représente 4,3 millions d’habitants. Il s’agit de la plus grande ville du Québec et de la deuxième plus grande ville du Canada. 23% de la population est d’origine étrangère, ce qui en fait une ville très cosmopolite et polyglotte.

Montréal a affiché la meilleure croissance économique au Canada en 2021, et enregistre de très bonnes projections en 2022. 

La France est le 10ème investisseur mondial au Canada et le deuxième investisseur mondial au Québec, avec plus de 930 millions $ investis en 2021. Au Québec, la France totalise 365 filiales, 40 000 emplois, avec une présence significative de 75% des entreprises du CAC 40. Le Grand Montréal constitue la plus importante concentration de ressortissants Français hors UE, avec une augmentation de l’immigration de plus de 100% depuis 2005.

A l’origine, l’activité économique de Montréal repose essentiellement sur l’industrie. Dans les années 1990, le gouvernement du Québec a décidé d’investir dans des projets liés à la créativité (jeux vidéo, effets visuels, …) en utilisant différents outils économiques (crédits d’impôts notamment) pour attirer des investissements sur ces créneaux particuliers.

Les objectifs de Montréal International

Montréal International, l’agence de développement économique du grand Montréal, est un organisme à but non-lucratif qui reçoit la majorité de ses fonds du gouvernement fédéral, provincial et municipal. 20% du financement provient du privé. Notre fonctionnement est très indépendant. Nous proposons une série de services pour créer de la croissance économique à Montréal, notamment en attirant et en retenant les investissements directs étrangers, les entrepreneurs internationaux, et les travailleurs. Attirer les talents est aussi important que d’attirer les investissements.

En 2021, Montréal International a attiré plus de 3,7 milliards $ d’investissements directs étrangers. Il s’agissait d’une année record. 

Nous attirons également des organisations internationales : Montréal est la troisième ville en Amérique du Nord en matière de nombre d’organismes internationaux après New York et Washington. 

Les 2000 filiales étrangères présentes au Québec représentent 20% du PIB métropolitain, 17 milliards d’achats réalisés chaque année auprès des fournisseurs québécois, 45% des dépenses en R&D et 55% des exportations (hors Québec).

En 2021, 11 500 emplois ont été créés, avec un salaire moyen annuel de 82 000 $. Nous avons attiré plus de 1135 travailleurs qualifiés à travers 9 missions de recrutement virtuelles. 

Montréal accueille une très forte concentration d’étudiants étrangers : ils sont plus de 35 000. Le défi est de les garder sur notre territoire après leurs études, via un permis de travail ouvert à l’issue de leur cursus et de les mettre en contact avec des recruteurs.

Les origines de l’IA à Montréal

Le travail de trois chercheurs installés au Canada, Yoshua Bengio, Yann LeCun et Geoffrey Hinton, a été déterminant dans la mise en œuvre de l’IA. Lorsque la puissance des ordinateurs a été suffisante pour démontrer leurs théories, ils ont reçu des ponts d’or de la part de grandes entreprises. Yann LeCun (chez Meta AI) et Geoffrey Hinton (chez Google) sont allés travailler pour les GAFAM dans la Silicon Valley.

Seul Yoshua Bengio est resté au Canada, à l’université de Montréal, faisant le choix de renoncer à des salaires mirobolants pour former la prochaine génération d’experts en IA. Yoshua Bengio a attiré d’autres chercheurs, qui ont attiré des étudiants, qui forment aujourd’hui la plus forte concentration au monde d’experts dans le domaine du deep learning. 

Yoshua Bengio est quelqu’un d’inspirant avec une vision très collaborative du milieu : travailler avec le privé, fonder des centres de recherche… Il fait des allers-retours constants entre le privé et le milieu académique. Il partage aussi la vision de l’« AI for good »[1] et trace la voie dans le domaine de l’IA.
 

[1] Plateforme numérique de communication sur le thème de l'intelligence artificielle lancée en 2017 par l'Union internationale des télécommunications, institution spécialisée des Nations Unies

Les structures qui favorisent le développement de l’IA

Yoshua Bengio a notamment créé Mila, fort de 900 chercheurs, qui constitue le plus grand laboratoire de recherche universitaire au monde, véritable écosystème de collaboration entre les chercheurs, les startups et les principaux acteurs de l’IA.

Montréal compte par ailleurs un centre d’excellence unique, IVADO (Institut de valorisation des données) - également fondé par Yoshua Bengio – qui rassemble plus de 1400 scientifiques, 150 membres et partenaires, collaborant sur plus de 270 projets de recherche au sein d’une quarantaine de chaires et de laboratoires de recherche.

L’Observatoire sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OBVIA) tient également une place très importante dans l’écosystème. Il regroupe 18 universités et collèges au Québec, plus de 100 partenaires au Canada et à l’international, plus de 260 chercheurs. Il bénéficie de plus de 2,6 millions $ pour financer des projets de recherche sur la période 2019-2021.

Beaucoup de chercheurs partagent leur temps entre l’enseignement et le privé.

Les gouvernements fédéral et provincial ont fortement investi pour entretenir l’effervescence de l’écosystème de l’IA à Montréal.

Des investissements publics majeurs ont en effet été réalisés en faveur du développement de l’IA à travers des programmes phares : :

  • le fonds d’excellence en recherche Apogée du Canada : 93,5 millions $ ;
  • la création de la grappe québécoise en IA (2017-2022) : 100 millions $ ;
  • la stratégie pancanadienne en IA (2017) : 44 millions $ ;
  • la Supergrappe Scale AI (2018) et le développement de talents IA (2019) : 313 millions $ ;
  • l’accélération de l’adoption de l’IA au Québec (2019-2024) : 329 millions $ ;
  • le centre d’expertise international pour l’avancement de l’IA (2019) : 15 millions $.

Plus vous collaborez et plus vous créez d’emplois, plus vous bénéficiez de financements, à condition d’en faire profiter une startup, un centre de recherche... Montréal concentre ainsi plusieurs organismes capables de propulser l’industrie, à l’image de la Supergrappe Scale AI ou du Forum IA Québec, favorisant la mobilisation des acteurs de l’IA autour de projets communs.

Le modèle «AI for good »

Ce modèle est le véritable moteur de l’IA à Montréal. S’il dissuade la mise en place d’un certain nombre de projets, il attire énormément de talents qui sont à la recherche de sens dans leur travail. Ici, ils peuvent avoir un véritable impact social.

Le Centre d’expertise international pour l’avancement de l’IA, piloté par Montréal International dans le cadre du Partenariat mondial pour l’IA travaille sur les thématiques de l’utilisation responsable de l’IA et de la gouvernance des données. Il a aussi pour vocation d’analyser les mesures visant à commercialiser et à adopter les technologies d’IA. 

Montréal se positionne depuis plusieurs années comme l’épicentre de l’IA « responsable » dans le monde. Les GAFAM, Thales, Havas, Samsung, de nombreux leaders mondiaux ont par ailleurs choisi Montréal pour développer leur expertise en IA.

La communauté « techaide » à Montréal est également très impliquée dans le volet social, à travers des levées de fonds, des cours, des camps d’été… 

Le développement durable est également un aspect très important de la recherche liée à l’IA : près de 20 membres de Mila sont spécialisés dans des recherches permettant de lutter contre les effets du changement climatique, à travers des projets d’ampleur avec par exemple :

  • le logiciel open source Code Carbon, qui permet de calculer l’empreinte carbone des algorithmes et des codes ;
  • l’organisation Climate Change AI, qui rassemble des bénévoles issus des milieux universitaires et industriels luttant contre le changement climatique à travers l’apprentissage automatique.

L’écosystème de l’IA à Montréal

Les startups spécialisées en IA sont très dynamiques et diversifiées à Montréal. La force des québécois n’est pas la commercialisation mais la R&D. C’est la raison pour laquelle la présence d’entreprises étrangères est aussi importante. Mais pour tout ce qui relève du domaine des idées, de l’innovation, et de l’entrepreneuriat, nous avons de nombreux incubateurs dont beaucoup en IA. 

Si l’IA explose à Montréal, c’est notamment grâce à la présence d’un important écosystème des technologies de l’information (TI) due à nos politiques gouvernementales. Le Grand Montréal compte plus de 160 000 travailleurs et 7000 entreprises dans les TI. 

Montréal fait partie du top 5 des centres mondiaux de la production de jeux vidéo et des plus grandes concentrations d’emplois technologiques parmi les grandes régions métropolitaines du Canada et des USA. Elle est la première ville au Canada et parmi les premières au monde en créativité numérique.

Cet écosystème extrêmement solide est nourri par nos universités et chaque année par l’immigration. En tant que capitale universitaire du Canada, Montréal constitue un vivier de talents hautement qualifiés, avec 600 000 étudiants post-secondaires (dont 350 000 universitaires et 65 000 étudiants internationaux) et 27 000 travailleurs ayant des compétences en IA (en hausse de 15% depuis les 12 derniers mois).  Plus de 18 00 étudiants sont inscrits dans des programmes d’IA. 17% des travailleurs en IA sont titulaires d’un doctorat et 50% d’une maîtrise. 

Des avantages financiers pour les entreprises spécialisées en IA

Les coûts d’exploitation sont très intéressants, avec un avantage-coût de 30% pour le développement de logiciels par rapport à la moyenne des 20 plus grandes régions métropolitaines du Canada et des USA. Les salaires sont en revanche beaucoup plus faibles qu’aux USA, mais le pouvoir d’achat est plus intéressant à Montréal. 

Les charges sociales sont relativement faibles pour les employeurs et l’assurance maladie est gratuite ici, donc il est très avantageux de créer de bons emplois. 

Concernant le crédit d’impôt dédié au développement de logiciels d’IA, il couvre jusqu’à 30% des salaires admissibles. Ce crédit d’impôt est cumulable avec le crédit d’impôt dédié aux programmes R&D : crédit non remboursable de 15% du gouvernement du Canada et crédit remboursable de 14% du gouvernement du Québec.

En conclusion, Montréal a tout ce qu’il faut pour attirer des talents et des entreprises du monde entier qui souhaitent développer des projets d’IA, sans oublier une qualité de vie exceptionnelle reconnue à l’international !

Article précédent

Article suivant

Ceci pourrait vous intéresser