PARTIE 7

L’écosystème de l’intelligence artificielle au Québec

Plusieurs chercheurs réputés ont permis d’attirer des investissements importants à Montréal et ont contribué à la création d’entités structurantes pour la recherche sur le numérique telles que l'Institut de valorisation des données ou l’Institut québécois d’intelligence artificielle Mila, dirigé par Yoshua Bengio. Partant de ce pôle d'excellence en recherche académique, les discussions engagées sur l'IA responsable ont débouché sur la déclaration de Montréal en 2018. Prolongeant cette dynamique, l'Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (OBVIA) a été mis en place en 2019 en adoptant un modèle de fonctionnement en réseau assez inédit.

L’exemple de l’IA à Montréal illustre le fait que la naissance d’une grappe scientifique et industrielle n’est pas un phénomène isolé mais plutôt basé sur les relations entre différents acteurs, des processus et des communautés qui œuvrent à différentes échelles géographiques. Cet écosystème fait aujourd’hui de Montréal une place forte de l’IA en matière de R&D.

A travers l’exemple des groupe OPTEL, créé en consortium avec IVADO, et de Festo, spécialisé dans les solutions d’automatisation et d’enseignement technologique, la région métropolitaine de Québec dispose également d’un écosystème propice au développement de l’intelligence artificielle.

Avec 46 ordres professionnels, le « système professionnel » encadre l’ensemble des professions règlementées au Québec. Le Conseil Interprofessionnel du Québec a donné mandat à l’OBVIA pour éclairer la question suivante : « comment les ordres professionnels du Québec peuvent-ils se préparer et s’adapter dans l’ère de l’intelligence artificielle ? ».

1. La recherche sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique au Québec

La recherche sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique au Québec présente une spécificité. La déclaration de Montréal et l’émergence de l’IA responsable ont servi de tremplin à la structuration d’un écosystème original de recherche et la mise en place de L'Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique (OBVIA).

Fin 2017, le Fonds de recherche du Québec lance un forum sur le développement socialement responsable de l’IA. Une démarche de co-construction est mise en œuvre avec un ensemble de parties prenantes pendant près d’un an. Le processus aboutit à l’adoption des 10 principes constitutifs de la déclaration de Montréal. Sur la même période, le gouvernement provincial met en place un comité d’orientation chargé d’élaborer une stratégie de développement de la grappe scientifique et industrielle en IA au Québec. L’une des 5 recommandations produites dans ce cadre conduit à la création d’un observatoire prospectif international. 

L’OBVIA est une communauté de chercheurs plutôt qu’un centre de recherche en tant que tel. En plus de son rôle traditionnel d’observatoire, il travaille en collaboration avec les parties prenantes de l’industrie, du gouvernement et de la société civile. Son modèle a inspiré d’autres structures à l’international. La Cour des comptes en France a également auditionné l’OBVIA sur les conditions qui ont pu favoriser l'émergence d'une recherche interdisciplinaire et intersectorielle sur l’IA au Québec.

2. L’écosystème de l’intelligence artificielle à Montréal

Si les grappes industrielles peuvent naître de manière accidentelle, elles émergent dans des lieux où existent déjà une histoire et une culture. La présence d’une masse critique d’acteurs et d’organisations est également cruciale et l’émergence des grappes est tributaire d’interactions avec l’international.

David Doloreux a cherché à décrire la grappe industrielle de l’IA à Montréal et à analyser les facteurs qui ont favorisé son émergence.

Pour quelles raisons Montréal devient une place forte de l’intelligence artificielle ? Quels sont les défis auxquels doit répondre cette grappe industrielle ? 

Gwenaëlle Thiebault brosse un panorama général des différents acteurs de l’écosystème de l’IA à Montréal. Les gouvernements fédéral et provincial ont fortement investi pour soutenu son développement à travers des programmes phares. 

Pour favoriser le développement économique du grand Montréal, il convient d’attirer et de retenir à la fois des investissements directs étrangers, les entrepreneurs internationaux et les travailleurs. Et de ce point de vue, le modèle «AI for good » attire énormément de talents qui sont à la recherche de sens dans leur travail. Il est le véritable moteur de l’IA à Montréal. 

3. L’écosystème de l’intelligence artificielle à Québec

Avec un cadre de vie incomparable, la région métropolitaine de Québec propose beaucoup plus qu’un milieu professionnel agréable. La protection sociale est supérieure à la plupart des autres régions d’Amérique du Nord. Le système d’éducation est gratuit jusqu’à l’université. Les frais de scolarité universitaires sont les plus bas d’Amérique du Nord.

Le développement du secteur des technologies de l’information et de la communication s’est accompagné de la transformation numérique du gouvernement qui a permis de soutenir beaucoup d’entreprises. Le développement du numérique a toujours été très dynamique dans la région, aujourd’hui avec des grands axes de travail sur l’IA, la cybersécurité, la Fintech-l’Insurtech, avec la présence d’une main d’œuvre qualifiée issue de ses ressources universitaires, en particulier l’Université Laval reconnue pour son excellence dans plusieurs domaines de pointe.

Festo Didactic, filiale du groupe Festo, développe à Québec des solutions d’apprentissage pour l’enseignement technologique. Alexandre Labrie et Pascal Drouin présentent le système d’intelligence artificielle mis au point pour créer le clone numérique d’un vendeur capable de lier les prérequis d’enseignement avec l’offre de formation de l’entreprise.

Le groupe OPTEL travaille depuis 33 ans en mode B to B, principalement pour les secteurs pharmaceutiques, agro-alimentaires et agro-chimiques. L’entreprise développe des solutions de traçabilité de bout en bout par des captures de données sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Avec sa plateforme Optchain™, l’entreprise revendique une offre technologique qui permet aux entreprises de disposer de chaînes d’approvisionnement plus « intelligentes ». 

4. L’intelligence artificielle dans les professions réglementées au Québec

Le « système professionnel » québécois regroupe plus de 415 000 personnes du secteur public et du secteur privé dans trois grands secteurs d’activité, la santé et les relations humaines (médecins, infirmiers, travailleurs sociaux…), le génie, l’aménagement et la science (ingénierie, architecte, urbanistes…), le droit et les affaires (avocats, notaires…).

Comment surmonter les inquiétudes de ces professionnels face à la progression de l’IA ?

Pour Jacqueline Corbett, quatre grands défis sont à prendre en compte : l’évolution constante de l’IA qui nécessite une sensibilisation globale à cette technologie, le rythme d’adoption de l’IA que chaque profession doit prendre selon ses propres enjeux, la préservation du rôle du professionnel avec les questions de sa responsabilité, de son jugement professionnel et de son autonomie, les conditions d’utilisation des systèmes d’intelligence artificielles lors de l’interaction du professionnel avec son client ou son patient.